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Addictions - Voiron
L’addiction est un phénomène complexe qui affecte des millions de personnes dans le monde. En France, elle concerne environ 20 % de la population adulte, que ce soit sous forme de dépendance aux substances (alcool, tabac, drogues) ou de dépendance comportementale (jeux d’argent, internet, alimentation, etc.). En parallèle, l’addiction suscite des questionnements sur ses origines, ses manifestations et les traitements possibles. L’approche systémique, une méthode de compréhension et d’intervention, offre un angle d’analyse précieux pour saisir les mécanismes d’une addiction. Elle met en lumière les interactions entre l’individu, ses proches et son environnement, et cherche à aborder l’addiction dans une perspective holistique.
Qu'est ce qu' une addiction ?
L’addiction se caractérise par un besoin compulsif de consommer une substance ou de réaliser une activité, malgré les conséquences négatives pour la personne concernée et son entourage. Elle se distingue par des symptômes tels qu’une perte de contrôle, une tolérance croissante (besoin de consommer davantage pour obtenir le même effet), et des signes de sevrage en cas d’interruption de la consommation ou de l’activité (sueur, tremblements, anxiété, sensation de mal être). Elle impacte la qualité de vie de la personne et entraine des troubles du sommeil, du stress, des tensions familiales, de la désinsertion sociale, professionnelle.
Les addictions sont généralement classées en deux catégories :
- Les addictions avec substance : elles incluent la consommation d’alcool, de drogues, de tabac, voir au café, etc.
- Les addictions sans substance : appelées aussi dépendances comportementales, elles concernent des activités comme les jeux d’argent, l’utilisation excessive d’internet, le sport compulsif, etc.
Celles-ci ont toutes en commun un dénominateur : celui de provoquer à la fois du plaisir et le soulagement d’un malaise intérieur.
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Comment sortir d' une addiction ?
Les limites de l'approche traditionnelle :
Traditionnellement, les addictions ont été abordées d’un point de vue centré sur l’individu, en se concentrant sur des éléments comme la biologie (prédisposition génétique, par exemple) ou la psychologie (troubles de la personnalité). Cependant, ces approches restent limitées, car elles ne prennent pas toujours en compte l’influence du contexte relationnel, social et environnemental de la personne et les agissements intentionnels ou non de la personne pour résoudre son addiction.
L' approche systémique Palo Alto: Une vision globale de l'addiction
L’approche systémique se veut être distincte des autres approches thérapeutiques. Pour comprendre celle-ci, il faut revenir sur un concept fondamental de l’approche systémique qu’est le concept des « tentatives de solution ». Les tentatives de solution, c’est tout ce que la personne et son entourage ont essayé de faire pour mettre fin au problème. Dans l’approche systémique lorsqu’une solution tentée sans succès est de nouveau répétée, alors non seulement elle ne résout pas le problème mais l’aggrave, formant un cercle vicieux par l’effet duquel le problème se renforce alors que la solution tentée avait pour but d’améliorer la situation.
Autrement dit et pour en revenir à l’addiction, les efforts multipliés et vains de la personne et de son entourage pour mettre fin à l’addiction alimenteront, voire exacerberont, le comportement addict de la personne. Par conséquent, l’action psychothérapeutique que privilégie l’approche systémique consiste à bloquer ces tentatives de solution infructueuses qui alimentent l’addiction (pour que celle-ci disparaisse ou n’impacte plus autant la qualité de vie de la personne). Mais allons donc voire d’un peu plus près ces tentatives de solution. Elles relèvent de deux logiques :
- La logique d’évitement :
La personne face à une situation, à des émotions (douleur, peur) ou bien à des pensées désagréables peut voir dans sa consommation addict un apaisement, un soulagement. Une patiente me disait « au moins pendant un temps ma tête me fout la paix » ; un autre patient « je parais plus sûr de moi en soirée quand je bois, cela me permet de mieux vivre la relation aux autres » ; une autre « si je n’ai pas ma dose de chite, je ne m’en sens pas capable d’être à la hauteur. Mes joints m’aident à passer le cap. Une autre : « je gère mes émotions à travers l’alcool surtout la frustration, la tristesse, ça m’aide à les ressentir un peu moins. » Si cette consommation est occasionnelle, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. C’est plus problématique si la personne ne peut plus s’en passer à chaque sortie, à chaque épreuve difficile, à chaque pensée ou émotions désagréables. Sa qualité de vie en sera impactée tout comme ses proches. Toutes les tentatives de solution de la personne et de ses proches vont alors dans le sens « je peux résoudre mes problèmes en évitant de ressentir les choses qui me dérangent ».
Le cercle vicieux engendré par cette logique :
Certes, la logique d’évitement apporte un soulagement immédiat. La substance nous faire croire pendant un temps limité, que les choses vont passer et (malheureusement) ça marche ! C’est le côté positif de la substance. Pendant que je consomme, je me coupe de mes soucis, de mon malaise intérieur, de mes sentiments de dévalorisation, de mes peurs, de ma colère, de mes frustrations…. Le côté négatif est que dans l’implicite la personne se confirme à elle-même qu’elle est incapable de faire sans, ce qui la renvoie à un sentiment d’accablement et d’impuissance. A cela s’ajoute dans un deuxième temps, des sentiments de honte et de culpabilité, d’autres émotions tout autant désagréables à vivre. Alors que la personne n’apprend pas à affronter les épreuves de la vie, la substance avec le temps perd de son effet ce qui participe à une augmentation de la consommation. La personne sait au fond d’elle qu’elle fuie ses problèmes… mais plus elle le sait, plus l’angoisse et l’anxiété montent, ce qui accentue le besoin de consommer. Le cercle vicieux est enclenché.
- La logique de contrôle :
La personne addict est convaincue qu’elle peut contrôler sa consommation par la force de la volonté. Or l’addiction est une maladie de la dépendance qui n’a rien avoir avec la volonté. Au moment de la consommation, la personne dépendante n’a pas le contrôle de son comportement. Certaines zones du lobe préfrontal capable d’inhiber certain comportement et d’empêcher de suivre nos impulsions sont dans le cas de l’addiction altérées. C’est alors l’envie, le besoin impérieux de consommer, (les émotions) qui prennent le contrôle sur la volonté. Toutes les tentatives de solution de la personne et de ses proches vont dans le sens de « je peux me contrôler par la force de la volonté »
Le cercle vicieux de cette logique :
La personne en proie à une logique de contrôle est persuadée qu’elle en viendra à bout par la force de la volonté. Elle adopte des comportements comme se priver, résister, faire des promesses, cacher la substance, demander aux autres de la contrôler…. Ses tentatives de solution consistent à s’interdire quelque chose que la personne désire par ailleurs (et qui procure une part de plaisir) ce qui concourt à augmenter le désir, la tentation, et à perdre le contrôle. En approche systémique, on a coutume de dire que « c’est le trop de contrôle qui amène à la perte de contrôle » ou encore « tout ce qu’on s’interdit, on rend les choses irrésistibles ». La personne en lutte avec la substance se crée bien malgré elle une pression interne ; pression qui l’amène souvent à rechuter avec un sentiment de découragement « je n’y arriverai jamais alors à quoi bon arrêter ». Si dans certains cas l’abstinence vaut mieux que la modération, dans le cas des personnes en proie à une logique de contrôle, il semblerait plus réaliste de viser la consommation contrôlée que l’arrêt total.
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Les interventions systémiques dans la prise en charge de l' addiction :
L’approche systémique ouvre la voie à des stratégies d’intervention qui tiennent compte des tentatives de solution de la personne et de son entourage. Elle cherche à comprendre la fonction utile de l’addiction. Qu’est-ce que la personne cherche à obtenir à travers son addiction ? Qu’est-ce que l’addiction lui apporte ? Quelle mécanique s’est mise en place avec le temps ? Quelles sont les tentatives des proches et de la personne pour y mettre fin ?
Du côté de la personne dépendante :
On retrouve souvent trois émotions fortes dans l’addiction : la douleur, la peur et le plaisir. Comme énoncé plus haut dans cet article, la logique d’évitement déployée par la personne cherchera à anesthésier la douleur et / ou la peur dans son addiction. Plus la personne évitera les émotions, les situations et les pensées désagréables par son addiction, moins elle apprendra à les affronter et plus elles deviendront effrayantes à ses yeux. La peur se nourrit de l’évitement, plus je m’en écarte, plus j’en deviens l’esclave, ai-je coutume de dire à mes patients. Dans ce cas, il s’agira d’apprendre à traverser et à apprivoiser doucement, et a son propre rythme ces situations, ces émotions désagréables dont l’addiction, croit on, protège.
Pour ce qui est du plaisir, la personne cherchera à se contrôler ou à se faire contrôler, à s’abstenir, à faire des promesses à soi ou à autrui. Aussi bien cela marche, parfois l’abstinence vaut mieux que la modération. Mais lorsque les personnes viennent me voir dans mon cabinet, c’est que leurs tentatives de solution de contrôle ne marchent pas, sinon elles ne seraient pas là en face de moi. Mieux vaut alors se fier à l’aphorisme de Oscar Wilde « La meilleure manière de lutter contre une tentation, c’est d’y céder ». La personne sera invitée à privilégier la qualité à la quantité avec l’idée de consommer mieux en consommant moins.
Du côté des proches :
Dans l’approche systémique, l’addiction n’est pas vue comme une problématique intrinsèque à la personne mais comme une réponse adaptative à un environnement donné. Des comportements ou des réponses familiales, professionnelles ou sociales peuvent influencer de manière consciente ou inconsciente l’addiction et encourager à son maintien. Par exemple, dans le cadre de l’alcool, difficile de dire non à des collègues de travail, des amis, des proches quand l’alcool joue un rôle fondamental dans l’appartenance à un groupe. Pour les personnes qui ont des difficultés à s’affirmer, ou qui ont peur du jugement des autres, du rejet… il est compliqué d’y renoncer tant que cette peur de l’autre ou cette difficulté à s’affirmer ne sont pas réglés en amont. C’est pourquoi, bien souvent, les tentatives des proches (conjoint, enfant, ami, collègue…) qui consistent à interdire la consommation ou à encourager la personne à arrêter sont vaines. L’addiction n’est que la conséquence d’un problème plus profond. Ce n’est que la partie visible de l’iceberg.
Les proches seront sollicités, avec l’accord du patient et de ses proches, si l’intervenant systémique s’aperçoit dans l’échange avec son patient qu’ils jouent un rôle pouvant exacerber le comportement de la personne dépendante. Son intervention vise à modifier les séquences interactionnelles entre la personne et ses proches pour qu’elles soient porteuses et plus saines.
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Conclusion :
L’addiction, loin d’être un simple trouble individuel, est une problématique multifactorielle qui engage l’individu dans un ensemble de relations complexes. L’approche systémique permet de mieux comprendre les multiples facettes de cette pathologie en soulignant les interactions entre l’individu et son environnement et les tentatives de solutions inopérantes de la personne et de ses proches pour y mettre fin. Elle se révèle particulièrement précieuse pour développer des interventions plus holistiques, adaptées et durables, ouvrant ainsi la voie à une prise en charge plus humaine et intégrative.
Cependant, cette approche nécessite un investissement de la part de la personne et de son entourage pour bloquer les tentatives de solutions inopérantes. Elle peut être difficile à mettre en place si l’entourage n’est pas prêt à s’impliquer ou à reconnaître sa propre influence sur la situation. Il faudra alors composer seul avec la personne. L’approche systémique est une approche active, où la personne est associée à la démarche. Chaque pas est négocié ensemble mais elle demande du courage pour affronter ce qui est parfois difficile à regarder en face. Comme dans tout changement, il y a prix un payer pour aller vers un mieux-être. Enfin, en s’attaquant à la racine même de la dépendance, l’approche systémique offre aux personnes et à leurs proches la possibilité de briser les cercles vicieux, de reconstruire un équilibre et de rétablir des relations plus saines.