C'est quoi un burn out ?
Le terme « burnout » a été pour la première fois utilisé dans la littérature professionnelle par le psychanalyste Herbert Freudenberger en 1974. Pour décrire ce qu’il appelle le « burnout », il utilise la métaphore de l’incendie : « Les gens sont parfois victimes d’incendie, tout comme les immeubles. Sous la tension produite par la vie dans notre monde complexe, leurs ressources internes en viennent à se consommer comme sous l’action des flammes, ne laissant qu’un vide immense à l’intérieur, même si l’enveloppe externe semble plus ou moins intacte. » H. Freudenberger
Dans la nouvelle classification internationale des maladies de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le burnout, aussi appelé épuisement professionnel, n’est toujours pas classé parmi les maladies. Il est considéré comme le résultat d’un stress chronique au travail qui n’a pas été géré avec succès.
En approche systémique, le burnout est décrit comme un processus lent qui mène à de l’épuisement accompagné de maux physiques et / ou de troubles psychiques. Les thérapeutes et coach systémiciens s’intéressent à la nature des relations que la personne entretien avec son environnement et qui mène vers la voie de l’épuisement.
Idées reçues concernant les personnes victimes de burn out :
J’aimerai partir de quatre affirmations encore véhiculées à tort par la société ou certains de mes clients, patients que j’accompagne en thérapie ou en coaching.
Les personnes en burnout sont dépressives :
Le burnout n’est pas une dépression. La dépression est classée comme une maladie mentale selon le DSM5. Selon l’approche systémique de Palo alto : la dépression une maladie de la déception. Elle peut suivre le burnout. “Je vie une situation de mal être et j’essaie de faire quelque chose pour la corriger et ça ne fonctionne pas. Je suis déçu (e) de moi-même de la manière d’y réagir, déçu (e) des autres du monde. C’est comme si le cerveau me coupait l’envie de faire des choses pour m’éviter que je sois déçu (e), pour me protéger de ma déception”.
Le burnout est différent dans le sens où j’ai encore envie mais je n’y arrive plus. Je suis fatigué (e) mentalement et physiquement. J’ai un trop plein. Je n’ai plus de force pour avancer. Cela s’accompagne d’un manque de motivation, une absence de plaisir qui peut laisser parfois penser à une dépression. Le burnout est temporaire, plus ou moins long pour certaines personnes mais c’est réversible. Le jour où je retrouverai mon énergie, j’aurai encore envie de faire des choses mais là je n’y arrive plus à cause de mon épuisement physique et de ma charge mentale.
Le burnout c’est pour les faibles.
C’est tout le contraire. Les personnes qui font un burnout sont des personnes qui ont épuisé leurs ressources car elles sont très motivées par leur tâche. On y retrouve des personnes perfectionnistes avec le goût du travail bien fait, le sens des responsabilités, dévouées aux autres. Ce sont des personnes investies et impliquées dans leur entreprise pour faire avancer les projets, pour défendre des valeurs. Bien loin des personnes faibles.
Les personnes en burn out aiment être en arrêt
C’est difficile d’accepter pour elles d’être en arrêt maladie. Tout d’abord, il y a le sentiment de culpabilité voir de honte. La culpabilité de laisser du travail à ses collègues, la honte de ne pas être forte, la peur de la critique et du jugement des autres en leur absence. C’est d’ailleurs ce qui les tiennent souvent à rester en poste jusqu’à ce leur réserve d’énergie soit à plat. Et puis, en arrêt de travail, l’absence d’activité fait place aux ruminations. Et les personnes qui les vivent savent au combien elles sont fatigantes et épuisantes.
Les personnes en burn out ne savent pas s‘organiser ou gère mal leur stress
Le burnout est la combinaison de trois facteurs :
- Notre personnalité (mode de fonctionnement, valeurs, émotions, croyances) : c’est-à-dire la manière dont nous réagissons face à cet environnement et qui nous mène à l’épuisement.
- Notre potentiel d’énergie : nous n’avons pas tous les mêmes possibilités de récupération. Certaines personnes dorment 6 heures par nuit, tandis que d’autres ont besoin de 8 heures, voir plus pour être en forme le lendemain et rester concentrées au travail.
- L’environnement de travail : la pression, les exigences qu’on nous met, les demandes que nous recevons de notre environnement, l’ambiance entre collègues, une réorganisation du travail, un style de management peuvent aller à l’encontre de notre personnalité. Certains de mes clients me disent : “Je ne retrouve plus ce qui faisait l’essence même de mon travail, ce qui faisait sens. Cela va à l’encontre de certaines de mes principes et de ma manière de fonctionner”.
Rejeter uniquement la responsabilité du burn out sur la personne, c’est oublier tout un pan qui incombe à l’environnement de travail.
Les signes avant coureurs du burn out :
L’image qui me vient est celui d’un appareil électroménager. Pour éviter la surchauffe, les appareils se mettent en veille pour permettre ce refroidissement. Or nous, les êtres humains, n’avons pas ce disjoncteur qu’ont les appareils électroménagers. Cependant, nous avons deux alarmes précieuses qui sont notre corps et notre mental. Quand nous commençons à surchauffer, des maux psychiques apparaissent : le plus souvent ce sont les ruminations qui occasionnent des troubles du sommeil. Il y a aussi les pertes de mémoire, les oublis, les difficultés de concentration.
Des maux physiques sont présents dans le corps : le mal de dos, le mal de ventre, les nausées, les ulcères d’ estomac, les migraines… Et enfin, des changements de comportement : conduite addictive pour tenir ou s’anesthésier de ses émotions (alcool, prise de médicaments, boulimie) et des troubles émotionnels (irritabilité, impulsivité, hypersensibilité ou au contraire absence total d’émotion).
Pouvoir repérer ces maux, c’est reconnaître chez soi quel est le signal qui dit que j’en fais trop et qu’il est temps de lever le pied.
Burn out, comment le surmonter ?
La première étape est de se reposer. Les batteries sont à plat. Le repos est une étape nécessaire autant que l’hiver dans le cycle des saisons. Pendant l’hiver tout s’arrête. La sève part des arbres, les animaux sont en hibernation, les terres sont en jachère. C’est ce qui permet à la nature de reprendre des forces au printemps pour qu’elle produise à nouveau et d’être riche en projets. Vous devez prendre un vrai repos si vous aussi vous voulez repartir à nouveau. Or souvent, les personnes que j’accompagne sont préoccupées par leur avenir. Qu’est ce que je vais devenir ? Que vont penser mes collègues ? Et ce que j’y retourne ? Es ce que j’y retourne pas ? Toutes ces questions sont importantes et légitimes. Cependant, en se les posant en pleine tourmente, il est difficile d’y répondre. C’est comme si vous étiez au volant d’une voiture et que vous ne voyez pas à vingt mètres devant vous à cause du brouillard. Si vous continuez à rouler, vous risquez un grave accident ou de prendre une mauvaise voie de sortie. Ce brouillard, c’est celui qui est dans votre tête. Il ne se dissipera qu’une fois reposé. Une fois dissipé, les idées seront plus claires, vos capacités cognitives retrouvées. Vous pourrez alors réfléchir à votre avenir de manière plus sereine.
La deuxième étape est d’aller identifier très tôt les déclencheurs du burn out. Qu’est ce qui fait que j’en suis arrivé (e) là ? Où était le problème ? Es ce lié à mon mode de fonctionnement ? ( comme par exemple la difficulté à poser mes limites, à dire non…) Es ce lié à des croyances limitantes ? Es ce lié à mes drivers, à mes besoins qui me poussent à trop m’investir dans le travail ? Es ce lié à l’environnement de travail dans lequel je ne me retrouve plus ? Peut-être un peu de tout ça ? Mieux se comprendre et se connaître sont la clé pour ne pas refaire un burnout. D’après le docteur François Baumann, médecin et auteur du livre « l’après burn out : comment éviter les pièges de la rechute ?”, il y a 30 à 40 % de risque de rechute si la victime de burn out n’effectue pas un travail d’introspection.
La troisième étape est la préparation progressive au retour au travail. Qu’est ce que je vais devoir changer dans mon comportement, qu’est ce qui va m’être difficile ? Es ce que c’est de dire non ? Es ce que c’est d’en faire moins ? Qu’est ce que je garde comme activité, qu’est ce que je ne garde pas, ce que je ne veux plus ? Qu’est ce que je négocie avec ma direction ? C’est commencer en séance à imaginer les situations, les contextes dans lesquels vous allez devoir réagir différemment pour ne pas refaire un burn out.
Mais c’est aussi dans cette troisième étape que certaines personnes font le choix de changer d’environnement de travail, de changer de métier et de commencer un bilan de compétences.
Des conseils pour éviter de faire un burn out ou d'en refaire un
- Soyez attentif aux signaux de votre corps et de votre mental. Ils ne vous trompent pas.
- Prenez le temps de vous reposer pour récupérer de l’énergie et tirer les leçons du burn out.
- Achetez vous un cahier dans lequel je vous invite à répondre aux questions suivantes : Qui suis-je sans le travail ? Pourquoi le travail tient il une place si importante dans ma vie ? D’où cela me vient il ? Quelles sont les croyances derrière ? Qu’est-ce que je recherche à travers le travail ? Quel besoin je comble ? Comment satisfaire ce besoin ailleurs que dans le travail ? Si je fais moins de place au travail ou si j’en fais moins, qu’est ce qui me sera difficile d’affronter ? Quelles sont mes peurs ? A quoi je laisse la place ? Y aurait-il d’autres problèmes que je noie dans le travail ?
- Ne restez pas seul ( e). Un coach professionnel ou un thérapeute pourra vous aider à traverser cette épreuve.
Des ressources
Vous pouvez vous tourner vers l’association France Burn-out ou vers des groupes de parole. Pouvoir discuter avec des personnes qui vivent et ressentent les mêmes choses que vous peut vous aider à vous sentir moins seul (e) et vous faire énormément de bien.
Je vous recommande le livre de Aude Selly “autopsie d’un burn out” , autrice, conférencière, spécialiste de la prévention des risques psychosociaux et du burn out. Elle a vécu un burn out et elle en a fait une force. Aujourd’hui, elle milite pour améliorer les conditions de vie au travail et apporte des conseils pour toutes les victimes du burn out.
Livre de François Baumann : « l’après burn out : comment éviter les pièges de la rechute ?”