Perdre un proche peut être une expérience extrêmement douloureuse. Dans mon cabinet, j’ai eu des patients pour qui cela a été comme un tsunami, ou plus rien ne fait sens et c’est presque irréel. Pour certains, c’est une grande période de sidération. Toutes les émotions sont éteintes.

« Depuis le décès de mon conjoint, je ne vis plus c’est comme si j’éteins éteinte »
« J’avance en pilote automatique »
« Je ne sais plus ce qui me fait rire, ce qui me fait pleurer »
« J’ai l’impression de faire semblant pour faire plaisir aux autres, pour ne pas attrister les autres »
« Je suis comme dissocié (e)»
« Ça fait maintenant un an et je n’arrive pas à avancer »
Si vous vous reconnaissez dans ces propos, sachez que vous n’êtes pas seul (e).

Surmonter un deuil : une aide psychologique Voiron
Pour d’autres, face à cette incompréhension de la vie, il y a de la colère, de l’injustice, mêlée d’une grande tristesse. Sans compter que parfois vient se rajouter la culpabilité, des regrets.
Nous n’avons pas le contrôle de ces émotions. Elles sont là et elles font partie du processus de deuil. Or, souvent les personnes endeuillées ou leur proche que j’accompagne essaient de les étouffer ou rajoutent un jugement sur ces émotions « pense à tes enfants, va de l’avant, sois forte, ça va aller ». Si ces discours pour certaines personnes fonctionnent et leur permettent d’aller mieux un temps, dans la majorité des cas, ils ralentissent le processus de deuil. Les personnes finissent par étouffer leur émotion, porter un masque ou fonctionner en pilotage automatique pour correspondre à ce qu’on attend d’elles, à ce que la société leur renvoie. Mais en faisant ainsi, elles se coupent d’une partie de leur émotion et se déconnectent d’elles même. Chaque personne a sa manière de vivre son deuil, chaque personne a son rythme. C’est un processus qui prend du temps. Et ce temps est une condition pour arriver à l’apaisement après la disparition d’un être aimé.
Réussir à faire son deuil :
Il ne s’agit surtout pas d’oublier votre être aimé (e) et de chercher à l’effacer de votre vie, de votre mémoire, pour oublier votre souffrance. Au contraire, à partir de votre douleur et de toutes vos émotions aussi difficiles soient elles, il s’agit de chercher la meilleure manière d’intégrer la mémoire de votre être aimé (e) dans votre vie d’aujourd’hui et de demain.
Accueillez vos émotions
Accueillir vos émotions, se laisser traverser par elles sans chercher à les éviter, sans chercher à lutter contre, est ce qui vous permettra de retrouver un cœur apaisé. N’oubliez pas, toutes les émotions même désagréables, vous donnent des indications sur votre état interne. Ces messages sont précieux. (lire l’article sur les émotions). Se couper de vos émotions et notamment de la tristesse, c’est comme vous coupez d’une partie de vous-même. Cela ne fera qu’aggraver votre situation. Vous avez le droit de vous effondrer. Vous avez le droit de ne pas vous en remettre de suite. Il s’agit de vous octroyer le droit d’être triste non pas pour vous enlever cette tristesse mais faire en sorte de traverser cette période difficile. Vous pouvez par exemple choisir un moment dans la journée pour pleurer, écrire votre douleur, l’exprimer à des proches, l’extérioriser par un art (dessin, peinture, poterie …). Vous pouvez vous promenez dans un endroit qui vous rappelle des souvenirs avec la personne défunte et vous autorisez à pleurer.
Les proches ont également un rôle crucial : celui de s’adapter au rythme de la personne endeuillée : lui demander ce dont elle aurait besoin, respecter son choix d’en parler ou pas, la rejoindre dans la douleur …

Laissez vivre votre être aimé (e) en vous :
Votre être aimé (e) vous manque. Sa disparition a créé un grand vide autour de vous et une énorme souffrance. Rien ne pourra le remplacer. Pour traverser cette souffrance et la ressentir un peu moins, vous pouvez le faire vivre en vous, en partie dans votre vie. Comment avez-vous envie de lui faire place dans votre vie ?
- Es ce par une action ? Es ce que vous avez envie de transmettre quelque chose qu’il vous a enseigné ? Es ce que vous avez envie de défendre une cause qui lui tenait à cœur, poursuivre un projet que vous aviez commencé ensemble ou qu’il avait commencé ?
- Es ce en lui parlant ? la communication peut prendre différente forme. Oralement devant un autel, devant sa tombe ; par l’écrit pour lui dire tout ce que vous n’avez pas eu le temps de lui dire : vos regrets, votre culpabilité, votre douleur, votre joie d’avoir partagé ces moments avec lui. Parfois ce qu’on a dire à la personne défunte n’est pas très agréable. Il peut avoir de la colère, de la frustration, des reproches, de la colère. Il y a peut-être un travail à faire de ce côté-là pour nettoyer cette relation émotionnelle.
- Es ce en le symbolisant ? : avec une plante, un arbre …libre à votre imagination. Une femme que j’ai accompagnée avait eu l’idée d’écrire des lettres à son mari et de les mettre dans le compost pour revenir à la terre. Une autre avait planté des graines de courges dans son jardin car son mari adorait manger des graines de courges. A chaque fois qu’elle faisait un plat avec les courges de son jardin, elle lui rendait hommage.
- Es ce par les souvenirs ? : avec un journal où vous notez tous les moments forts et heureux que vous avez vécu ensemble ou avec un album photos pour retracer les étapes importantes de votre vie.
- Est-ce par le partage : votre relation avec votre être aimé ( e) était singulière. Parler de lui autour de vous permettra de le faire connaître sous un angle qui est peut-être unique et le fera découvrir à son entourage. Partager des photos, des souvenirs peut être aussi utile.

Votre être aimé ( e ) va vous manquer. C’est naturel et vous ne pouvez pas éviter cette souffrance. Il ne s’agit pas de rajouter de la souffrance en niant vos émotions ou en faisant comme si tout allait bien. Cela prend du temps pour que cette souffrance soit moins douloureuse. Chaque personne est différente. Mais grâce à ce qu’il vous a donné et à ce que vous lui avez apporté jusqu’à ses derniers instants, vous pourrez puiser des forces pour votre avenir, et surtout continuer d’avancer à votre rythme sans pression interne ou externe. Il s’agit d’écouter et de respecter votre cœur, justement au nom de votre être aimé (e ) afin qu’il continue à vivre en vous et à travers vous. C’est en acceptant le deuil et en le traversant avec la douleur qui parfois l’accompagne, que finalement vous pourrez en sortir avec un cœur apaisé.
Si vous ressentez le besoin de vous faire accompagner dans les étapes de votre deuil, si il est difficile de faire ce travail seul, n’hésitez pas à me contacter.