Peur, panique, phobie Voiron
Une peur normale
La peur est normale et même utile. Elle sert à nous protéger et à nous préparer face à un éventuel danger. C’est un système d’alarme dont sont dotés tous les êtres humains et même de très nombreuses espèces. Sans ce système d’alarme, nous nous mettrions en danger. Par exemple, si je ne ressens plus la peur, je peux mal me préparer à un examen et le rater. Si je ne ressens plus la peur, je peux traverser la route sans prendre de précaution et me faire renverser par une voiture. Mais il arrive que parfois ce système d’alarme se dérègle et qu’il se déclenche alors que le seuil de dangerosité est trop bas. Dans son livre « Psychologie de la peur : craintes, angoisses et phobies », Christophe André donne cette belle métaphore : « Normalement le système d’alarme ne se déclenche que quand il y a un cambrioleur dans la maison. Mais pour certaines personnes, le système d’alarme se déclenche dès qu’une mouche vole dans la maison »
Phobie Voiron
Quand les patients viennent me consulter, c’est que leur peur est devenue excessive au point de les paralyser. Elle les empêche d’être libre de leur mouvement et les limite dans leur action. Les pensées sont focalisées sur l’objet de la peur, mais aussi sur les sensations physiologiques qui ne font qu’accroître leur peur. Elle les conduit à des ruminations, un appauvrissement des occasions sociales et / ou professionnelles, une perte de confiance en leurs capacités voire une dégradation de l’image de soi. Ces personnes finissent par obéir à leur peur, à la fuir, à la contrôler, à la contourner comme si elles étaient devenues esclaves de leur peur. Leur esprit n’est jamais tranquille, comme une gazelle qui guette à tout moment l’arrivée du prédateur dans la savane. Une peur qui devient source de souffrance et qui réduit ses capacités d’existence est une phobie.
Les stratégies de régulation qui aggravent
L’aide qui cause du tort
Certaines personnes tentent d’affronter les situations qui leurs sont difficiles mais pour éviter de ressentir la peur, elles demandent l’aide d’un proche. Comme cette jeune fille, qui de peur de faire un malaise dans les transports publics, doit toujours être accompagnée par un ami. Ou bien cette femme qui de peur de se faire agresser dans la rue ne peut plus se déplacer sans la présence de son conjoint.
Or si l’aide certes apporte une réassurance immédiate, elle maintient la personne dans la peur. De plus, cela confirme que la personne est fragile, incapable de s’en sortir par elle-même ; ce qui détruit ses capacités et in fine alimente sa peur.
Une peur évitée est une peur aggravée
D’autres personnes préfèreront éviter les situations associées à une peur. Comme cette femme qui ayant peur des pesticides, ne va plus à la campagne et fait tout pour éviter de croiser un tracteur sur la route, quitte à faire de long détour.
Or l’évitement alimente la peur. Car plus j’essaie de ne pas la ressentir, plus j’évite les situations qui la provoque et moins je suis armée pour y faire face. Ainsi s’enclenche un cercle vicieux : « Plus j’ai peur et plus j’évite, plus j’évite et plus j’ai peur’’. Ce cercle vicieux s’il n’est pas stoppé peut conduire à des attaques de panique en présence de la situation redoutée.
J’aime à raconter l’histoire des fantômes à mes patients. Il vous est peut-être arrivé alors que vous étiez enfant d’à avoir peur des fantômes. En tout cas, moi, j’en avais peur. La tentative de se mettre sous ses draps pour les fuir, ne pas les voir était une de mes stratégies. Sous mes draps dans le noir, je les évitais mais ce faisant, je me faisais peur à moi-même, faisant place à toutes mes pensées les plus terrifiantes. Au moindre craquement, il me semblait que le fantôme s’approchait. Plus je m’enfonçais sous mes draps, plus je ressentais sa présence, mon cœur palpitait. Et puis un jour, je pris mon courage à deux mains. Je sortis de sous mes draps et j’ai descendu les escaliers de la maison, pour découvrir que le chat mangeait ses croquettes dans la gamelle.
La peur est comme les fantômes… plus on les fuit et plus ils nous poursuivent. Mais dès lors que l’on se retourne et que l’on va à leur rencontre alors ils disparaissent.
Le contrôle qui fait perdre le contrôle :
Les personnes ayant extrêmement peur (les personnes phobiques) peuvent également prendre de multiples précautions. Ils affrontent les situations mais cela leur demande beaucoup d’énergie pour trouver des stratagèmes afin d’éviter que leur peur ne se produise. Par exemple cette femme qui de peur de donner une mauvaise prestation de chant à son public déployait de multiples rituels en amont… Elle arrivait le jour J totalement épuisée par la mise en place de ses nombreux rituels. Ou encore comme cet homme qui, de peur de faire ses excréments sur lui, contrôlait son alimentation. Il a fini par refuser des sorties entre amis pour ne pas avoir à partager des repas. Enfin, comme cette jeune fille qui par peur de commettre des erreurs redoublait d’effort de concentration et d’attention. Pourtant, plus elle était attentive et concentrée et plus elle commettait d’erreurs.
Quelles sont les différentes phobies ?
- Les monophobies c’est-à-dire celles qui portent sur un objet, un animal ou une situation en particulier. Les exemples les plus classiques sont la peur des chiens, des pigeons, des serpents, des reptiles, des araignées, la peur de prendre l’avion, la voiture, les trains mais aussi certains objets comme la peur d’un miroir, la peur des tableaux.
- Les phobies immatérielles comme la peur du vide, la peur de l’eau, la peur de la hauteur, la peur de la foule, la peur de se sentir enfermé (e ).
- Les phobies sociales comme la peur de se dévoiler, la peur d’être rejeté ( e) , la peur de prendre la parole , la peur du jugement, la peur du conflit, la peur d’être inintéressant ( e )s
Phobie Voiron
Ci-dessous exemple de phobies prises en charge dans mon cabinet :
- Phobie scolaire ou encore appelée refus scolaire anxieux
- Phobie sociale : peur d’être rejeté, peur d’être inintéressante, d’être jugé, peur de n’être pas à la hauteur de ce que les autres peuvent attendre de moi
- Phobie d’impulsion : peur de commettre un acte impulsif comme faire du mal à un proche, insulter quelqu’un qui ne le mérite pas
- Phobies de faire un malaise en voiture, dans les transports en commun, en réunion de travail
- Phobie des piqures, des araignées, des chiens, des pigeons
- Phobie de reprendre la voiture
Si votre phobie n’est pas explicitée, n’hésitez pas à me contacter
Es ce qu'on peut guérir d'une phobie ?
Guérir, ce n’est pas de ne plus ressentir de peur car nous avons tous de bonnes raisons de ressentir la peur. La peur est utile. Elle nous protège face à d’éventuels danger. Elle nous dit : « prépare – toi à ce qui pourrait t’arriver de pire ». Mais si nous l’évitons ou si nous la contrôlons, notre système d’alarme sonnera de plus en plus fort. Par exemple, si je prends le cas d’une phobie des araignées ce n’est pas ne plus ressentir la peur des araignées mais c’est avoir une peur apprivoisée qui n’entraine plus d’évitement (c’est à dire faire de long détour pour les éviter), ni de l’hyper-contrôle, ni de crise de panique. Je suis capable de la regarder sans trembler de peur, capable de reprendre mon esprit et de mettre en place une solution adaptée. Il en va de même pour toutes les phobies. Avoir peur en prenant le volant est normal, cela me permet d’être attentif et d’éviter des éventuels dangers mais cette peur ne doit pas occasionner une dépendance, une restriction de mes capacités de déplacement, une hyper-focalisation sur mes ressentis
Phobie : comment la soigner ?
Le traitement de la phobie passe par une désensibilisation à la peur. En séance, vous allez apprendre à vous immuniser contre cette peur par petites doses homéopathiques. Vous allez l’apprivoiser pour faire en sorte qu’elle redevienne à un niveau normal et acceptable pour vous, sans vous priver de votre liberté de penser et d’agir.
Cela passe par plusieurs étapes à savoir :
- Une compréhension des mécanismes de la peur
- Un travail sur les pensées
- Un travail sur l’origine de la peur quand elle remonte à des traumatismes passés
- Des expositions à l’objet ou à la situation de sa peur de manière très progressive. Tout d’abord en séance via l’imagination, puis en situations réelles par de petits exercices de manière graduée et toujours de façon adaptée en fonction du contexte et des capacités de la personne.
Se désensibiliser de ses peurs est possible. Il faut compter entre 8 et 10 séances avec une exposition graduelle et progressive. Pour dominer ses peurs, il faut les apprivoiser, très souvent et très régulièrement. Cela demande du courage mais c’est l’effort nécessaire pour retrouver sa liberté d’esprit et de corps. Le risque, si vous ne faites rien, c’est que cette peur se répande comme une tache d’huile et contamine toutes les sphères de votre vie.
Comme disait Pessoa « je porte en moi les blessures des batailles que j’ai évitées »
Témoignages de personnes qui sont passées par là
- « Une liberté retrouvée
- J’ai toujours peur mais c’est gérable
- Avant je subissais, maintenant j’agis »
Pour aller plus loin sur ce sujet, je vous recommande le livre de Christophe André : « Psychologie de la peur : craintes, angoisses et phobies » aux éditions Odile Jacob et celui de Giorgio Nardone : « Dépasser les limites de la peur » aux éditions Enrick B